7 septembre 2015 - Le dialogue manu militari !

sam, 05/09/2015 - 10:35

Mauriweb - Le 7 septembre 2015, le Pouvoir a invité à une nouvelle kermesse politique. Mais dés à présent toutes les oppositions, FNDU, en tête et CAP, dans le sillage, exorcisent cette date butoir pour un dialogue à marche forcée. Le risque de patauger encore dans la crise politique née du putsch de 2008 n’a jamais été aussi grand vivace.

Le Pouvoir éclaboussé par des scandales à répétition n’en a cure de la situation explosive du pays. Pour lui et quelques partis cartables qui lui gravitent autour, la vie s’arrête au 7 septembre 2015 date à laquelle il a « convoqué » son Opposition à un dialogue à sa mesure.

Une prédisposition au dialogue à la « marche ou crève » qui en dit long de la perception de l’appel du régime au dialogue avec ses « partenaires» lancé au lendemain de l’investiture du président Mohamed Ould Abdelaziz, pour un nouveau et dernier mandat de cinq ans.

Une situation intérieure préoccupante

Beaucoup de signes de fébrilité politique et économique marquent insidieusement cette période où les conséquences pluviométriques ont montré l’inconsistance des politiques engagées par le Gouvernement.

Comme sur le front social où une ébullition est bien perceptible avec la résurgence des antagonismes entre nationalismes exacerbés, le pays traverse une situation économique que les principaux bailleurs de fonds savent bien fragile malgré les tentatives de blackout du régime qui continue de vouloir renflouer ses caisses sur le dos du contribuable. Il maintient, en effet, haut les taxes et les prix des hydrocarbures (passés sous le seuil des 40 Usd). Le Pouvoir qui s’enlise enfonce avec lui les populations dont la paupérisation est de plus en plus intenable. Et pour marquer ce marasme, le taux de croissance économique a été depuis longtemps revu à la baisse (de 6 à 4% et encore !) alors que les capacités d’endettement du pays sont pratiquement épuisées (plus 78%).

Parallèlement, la chute drastique des prix du fer (moins de 40 Usd/tonne) et les plans sociaux des principales sociétés minières attestent d’une économie sous perfusion et d’une augmentation du chômage (31% de la population active) dans le pays. Pire, l’économie semble en lambeaux malgré les recettes extraordinaires accumulées entre 2008 et 2014 finalement dilapidées à des fins inavouables. Pour couronner le tout, les discussions avec les bailleurs de fonds butent aussi sur le retard du plan d’exécution des réformes économiques.

Plus que jamais donc, la Mauritanie malgré le vernis offre aujourd’hui l’image d’un pays étranglé par la mauvaise gouvernance politique et économique. La rhétorique face à la réalité n’a plus de place. Aucune lueur d’espoir ne pointe à l’horizon pour désamorcer cette crise. Mais curieusement, comme le relève le dernier remaniement –la montagne ayant accouché d’une souris- le chef d’orchestre du Gouvernement, le président Mohamed Ould Abdelaziz semble prisonnier de « ses amitiés » avec certains ministres des plus décriés et qui trainent beaucoup de casseroles. Dans leurs entourages d’ailleurs ces ministres plusieurs fois épinglés sur des marchés douteux en font porter le chapeau au président lui-même. Ces «révélations » ont alimenté toutes les rumeurs folles qui courent à Nouakchott. Une ambiance de fin de règne comme prédisent certains observateurs. Elle rappelle à bien des égards, en tout cas, les derniers jours de l’ancien président Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya.

Ce serait d’ailleurs la situation économique bien plus que la pression des partis politiques qui aurait eu raison de l’entêtement du régime, cherchant à manipuler pour diviser l’Opposition traditionnelle.

Suspicions totales

Le Pouvoir se noie donc. Et il le sait. Comme on le voit ces derniers jours, le climat social délétère aiguisé par les faits divers ayant émaillé la scène, ont contribué à amplifier les incompréhensions et les suspicions en tous genres. Face à une politique de communication inexistante du régime et de ses segments, le Pouvoir semble de plus en plus acculé au point de rappeler à la Haute Autorité de la Presse et de l’Audiovisuel sa mission.

Le risque de rétrécissement des libertés est grand malgré les promesses faites par le président parlant « d’acquis irréversible». Seule «satisfaction» démocratique qui a valu au pays une bonne visibilité -meilleur classement des pays arabes en terme de liberté de la presse- les médias sont désormais dans le collimateur du Pouvoir qui voudrait apparemment les bâillonner. Aux questions des droits de l’Homme viendront se greffer bientôt les atteintes aux libertés d’expression et à la liberté de la presse. La dernière loi sur les Ongs est une guillotine en préparation.

Ces tentatives de rétrécissement des libertés publiques trahissent la nervosité dans laquelle se place le Pouvoir incapable de trouver des solutions idoines ou moins douloureuses pour sortir le pays de l’impasse économique et politique. L’on a donc plus le sentiment que le Pouvoir, se sentant en position de faiblesse, tente de sortir de l’ornière en donnant à tous l’impression d’une ouverture…de façade. Il réchauffe depuis quelques semaines une invitation au débat qui existe depuis huit mois, sans qu’aucune mesure en sa faveur ne soit prise.

Le Pouvoir continue donc de « bluffer » en assurant que son offre est à prendre ou à laisser. Pour cela il peut compter sur quelques relais –partis politiques insignifiants ou tribunes dans les médias- pour jeter l’opprobre sur ses adversaires qui réclament des garanties sérieuses. Pas comme jusqu’ici du verbiage pour amuser la galerie. Pour ce faire, l’Opposition traditionnelle qui n’a plus rien à perdre n’accepterait pas de jouer aux figurants dans un débat qui semble à sens unique et où le régime tente de lui faire avaler toutes les couleuvres possibles.

En tout état de cause donc, le régime pourrait bien se lancer dans un tel débat mais seul…sinon avec sa majorité «béni oui-oui ». Et même dans ce cas, ce serait un dialogue politique sans importance. Jusqu’à quand le régime actuel tiendra-t-il encore dans son agonie la plus déterminante?

Pas très longtemps, assurent ses détracteurs!

JD